28 mars 2007
MA MERE
C'est tout un programme ! Et pas des moindres... le seul "problème", c'est qu'avec elle, vous n'aurez aucun changement... C'est sûr, quand on regarde ça :
ça laisse comprendre pas mal de choses, mais ça n'excuse pas... tout.
Après-midi de soleil. Hum, ça fait du bien. Mais il y a eu ces flashback. Le fond d'écran pour le poème la lune et l'image de la tombe de mon parrain en bas sur la droite, et moi jeune fille, au regard baissé, comme un fantôme, juste au dessus.
Deuxième "flash" : une baignoire. Mon parrain me remplissait le bain parfois.
Troisième flash : les rêves que je faisais de la maison de mon enfance en Bretagne :
où j'ai eu d'excellents souvenirs. J'en ai souvent rêvé pourtant, comme d'une recherche d'un bonheur perdu, mais avec ses secrets. En effet, dans ces rêves, il y avait aussi des côtés "sombres" : je rêvais d'une cave avec ses débris, et plein de terre. Où j'avais du mal à avancer.
Dernier flash : une nuit, dans cette maison, je m'étais réveillée comme après un cauchemar, en sueur et effrayée. Mon lit (un grand lit) était sens dessus dessous. J'avais perdu le sens de l'orientation. Tête aux pieds, quelque chose comme ça.
j'ai vécu des moments de bonheur.
Et pourtant, bien plus tard j'ai appris par ma marraine qu'ils voulaient m'adopter (!) mais que ce n'était pas possible ! Quels secrets là encore... Ils ont bien dû en parler et j'ai dû entendre...
Je me suis alors posée la question : est-ce que mon parrain lui aussi aurait abusé de moi ? Ou alors, l'histoire de la tombe sur ce fond d'écran (et ces flash), ce n'est que parce que j'ai connu l'inceste à l'âge où je n'ai plus pu aller en vacances à cause de la santé de mon parrain ?
Il y a un malaise quelque part...
Je me suis sentie mal tout d'un coup... Je me posais des tas de questions. Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Ma marraine me racontait qu'à l'âge de 3 ans, j'étais une petite fille très gaie et que j'étais très volubile... et que mon père m'adorait...
Alors pourquoi, vers l'âge du CP, je suis devenue timide, renfermée, solitaire (plus ou moins). Il faut préciser que mon frère et moi étions comme des jumeaux (10 mois de différence : eh oui, je suis une enfant de "retour de couches"...), mon frère étant un prématuré et j'étais presque aussi grande que lui. On était inséparables. Alors, au primaire, comme les filles et les garçons étaient séparés, ça a été une "rupture"...
L'éducation de mes parents également. Ils n'étaient pas très sociables. Il y avait déjà un malaise, même avant l'inceste.
Il faut dire, pour éclairer le contexte de l'époque de l'inceste :
1- je ne pouvais plus aller chez ma marraine à cause de la santé de mon parrain
2- Je suis passée au collège
3- On a déménagé, et mes parents ont fait chambre à part
Beaucoup de choses !
Beaucoup de questions en suspens...
Par SMS, j'ai voulu poser la question à ma mère :
"j'ai besoin de savoir à quel âge j'ai changé et je suis devenue plus renfermée. STP. C'est important"
Réponse de ma mère :
"Portable fermé. Batterie KO, C'est + bien 15 16, je pense, je referme, bisous"
Menteuse menteuse.
Et d'un, le portable n'était pas éteint, j'ai reçu la confirmation de la réception du texto
Et de deux : 15-16 ans ???
Ma mère a sorti une fois à un médecin : "ma fille est devenue émotive vers 11-12 ans".
Bref, à presque 72 ans, ma mère a autant de courage de voir les choses en face... qu'à 41 ans... Sauf que là elle devient menteuse envers sa fille...
24 mars 2007
LE COURAGE (BIS)
Le courage...
... n'appartient pas qu'aux femmes
apparemment. Petite rectification à un des messages que j'ai posté.
Deuxième rectification : la monstruosité n'appartient pas qu'aux
hommes, elle n'est pas leur apanage, ensuite, elle n'est pas leur
unique valeur. La beauté de l'âme appartient à tout le monde, à tous
les sexes, ainsi que l'horreur.
Il appartient cependant aux élus de
faire en sorte de protéger l'enfant dans la cellule familiale puisque
c'est à eux qu'incombe d'élaborer les lois et de faire en sorte
qu'elles soient appliquées. Il incombe aux juristes d'élaborer le
contenu des lois afin qu'elles soient applicables. Et enfin, à tout
corps de métier, selon les compétences qui leur sont allouées, d'aider
dans la lutte contre la violence sexuelle et morale que représente
l'inceste. J'insiste à nouveau sur le fait que l'inceste est un crime
spécifique car, de par sa nature, crime ou délit, les conséquences sont
irrémédiablement les mêmes. Une loi donc sur la pédophilie n'est par
conséquent pas adaptée au cas de l'inceste. Je me permets de souligner
ceci car cela me concerne personnellement. Si mon père devait être jugé
pour pédophilie, il ne le serait que dans le cadre du délit. Il ne
relèverait pas de la Cour d'Assises. Or, comme je peux le constater, les
dégâts causés par son acte peuvent être comparés à ceux dont ont été
victimes d'actes relevant de la Cour d'Assises. En clair, pour ceux qui
ne comprendraient pas : n'est considéré comme crime que tout acte
faisant état de pénétration, quelle qu'elle soit, est considéré comme
délit tout acte dit d'attouchement.
La violence morale subie est cependant la même.
17 mars 2007
LOIS DIFFERENTS PAYS
J'ai retrouvé donc quelques chiffres et les lois dans différents pays. Bon, ça date un peu et je ne pourrais pas dire s'ils sont toujours d'actualité...
ALLEMAGNE
ANGLETERRE_ET_PAYS_DE_GALLES
DANEMARK
ESPAGNE
ITALIE
SUISSE
PORTUGAL
Claude Aiguevives, vice-président de Médecins du Monde
ça date un peu mais...
Claude Aiguevives
Pédopsychiatre au Centre Hospitalier de Béziers.
Président de la voix de l'enfant qui est à l'origine du site pilote.
Claude Aiguesvives a créé il y a deux ans un centre pilote qui reçoit les
enfants victimes de violence à caractère sexuel. C'est l'initiative de
l'association " la voix de l'enfant " qui a été soutenu par le
Ministère de la Justice. Quand une plainte a été déposée (par l'institutrice de
l'enfant, par une assistante sociale...), le Procureur de la République demande
une audition dans ce service de pédopsychiatrie, l'entretien est mené par un
officier de la gendarmerie ou par la police des mineurs. Si les déclarations de
l'enfant prouvent qu'il est en danger, au lieu de le conduire directement dans
un foyer d'accueil, il reste dans le service pour un suivi psychologique.
Pouvez-vous définir ce qu'est l'inceste ?
L'inceste est un terme utilisé par les psy car juridiquement, ça a disparu.
Pour nous, c'est la relation à caractère sexuel d'un parent sur un descendant.
Plus largement, au niveau psycho-anthropologique, c'est la relation sexuelle
entre deux personnes d'une même fratrie. Aujourd'hui, certains chercheurs
proposent d'élargir l'inceste à toute personne vivant sous le même toit que
l'enfant, ayant autorité sur l'enfant et partageant le lit avec un des
ascendants de l'enfant.
Aujourd'hui, il existe deux sites pilotes (Saint-Nazaire et Béziers).
Comment est née l'idée de la création du premier site pilote ?
J'ai travaillé pour Amnesty internationale sur les abus psychiatriques en
Russie durant la période de Brejnev et sur la violence politique en Iran. Je
suis devenu vice-président de Médecins du Monde où je me suis occupé de
programmes d'enfants en Iran et en Roumanie, en ex- Yougoslavie puis au Rwanda.
J'ai constaté que les enfants avaient tout autant besoin d'aide psychologique
que de la justice. Un enfant a besoin que cela soit reconnu. Une agression
sexuelle va évoluer dans la tête de l'enfant, toute sa vie il se posera la même
question : " est-ce que je ne suis pas coupable de ce que j'ai subi ?
". Quand l'entourage repousse l'enfant et lui dit qu'il fabule, il va se
remettre en question au niveau de son identité et ne plus savoir qui il est. Ce
n'est qu'après qu'il peut y avoir réparation psychologique. C'est pour cela que
l'on travaille avec la victime.
Il y a deux ans, c'est sous l'autorité du Ministère de la Justice que
l'association la Voix de l'Enfant, que je préside, a lancé l'opération :
l'enquête judiciaire démarre par une audition de l'enfant au centre de pédopsychiatrie
de l'hôpital. L'enfant est écouté par un représentant de la police ou de la
gendarmerie mais il est encadré par un médecin et un psychologue pour qu'il ne
subisse pas un nouveau traumatisme. Il y a une articulation avec le service de
pédopsychiatrie, nous disposons de lits de pédiatrie quand un enfant ne peut
pas rentrer chez lui. Nous lui trouvons un foyer. Alors que normalement, dès
que l'enfant avait parlé et que les faits relatés étaient graves, il partait
tout de suite en foyer. Toutes les auditions sont filmées, ce qui évite à
l'enfant de devoir répéter son histoire.
Qu'est-ce qui fait la nouveauté de cette structure ?
C'est la prise en compte de l'enfant, non pas comme un plaignant qui révèle et
porte plainte, mais comme une personne qui souffre de ce qu'il a vécu.
L'hôpital reçoit tous les accidentés de la vie, on soigne les plaies qui se
voient et celles qui ne se voient pas, les victimes d'inceste en font partie.
Depuis deux ans que ce service existe, combien d'enfants y avez- vous accueilli
?
On reçoit en moyenne 2 à 3 situations par semaine pour 260 000 habitants.
Par qui ces enfants ont-ils été agressés le plus fréquemment ?
90% des enfants sont agressés par une personne qu'ils connaissent à l'intérieur
de la famille. Les cas d'inceste pur (avec lien biologique) sont les moins
fréquents. En revanche, on a beaucoup d'agressions commises par les
beaux-pères, par un des enfants plus âgés du beau- père ou de la belle-mère.
Que se passe-t-il après ce genre d'audition ?
Après l'audition, l'enfant subit une expertise médico-légale dans le même lieu
que l'audition. Si l'enfant vit sous le même toit que l'agresseur, il est placé
dans notre service, si ce n'est pas le cas, il peut rentrer chez lui. En cas de
doute de la parole de l'enfant, c'est le procureur qui prend une décision. S'il
considère, après nous avoir consulté, que la parole de l'enfant est crédible,
il saisit le juge pour enfant qui engage une " enquête préliminaire
".
Que pensez-vous de cette critique émise par un procureur : " un enfant
doit être entendu au commissariat ou à la gendarmerie car l'inceste est un
délit et non une maladie et l'enfant peut croire, en étant entendu à l'hôpital,
qu'il est malade " ?
Une agression sexuelle, c'est une blessure. Au delà du besoin de justice,
l'enfant a besoin d'un accompagnement. Ensuite, les examens " gynéco ou
recto " sont nécessaires. Or, ce sont des examens qui touchent des parties
intimes, c'est un entourage spécialisé qui est mis autour de l'enfant pour
l'aider. Cela évite à l'enfant de devoir se rendre à plusieurs endroits
différents. Ici, tout est groupé.
A-t-on aujourd'hui quelques certitudes sur ce qui pousse un adulte à abuser
de son enfant ?
On a des éléments de compréhension, des situations psychosociales qui favorisent
l'inceste. On décrit le plus souvent des familles qui ont du mal à s'ouvrir
vers l'extérieur, qui sont organisées autour d'un père tout puissant et qui
bien souvent aux générations précédentes ont déjà connu des situations
incestueuses. Concernant les beaux-pères, les situations de violences sexuelles
sur l'enfant de la compagne sont fréquentes car la transgression est plus
facile, n'étant pas lié à l'enfant.
Les conséquences sur les victimes sont-elles différentes suivant qu'il
s'agira d'un père incestueux, d'un cousin, d'un frère ou d'un oncle ?
Oui. Le devenir est différent. Quand il s'agit du père, c'est sa filiation,
donc c'est plus grave, il y a un double traumatisme : sur la filiation et sur
sa sexualité. Alors que, si c'est un frère, un cousin ou un oncle, il n'y a
qu'un traumatisme, celui de son intimité.
On assimile souvent l'inceste à une agression sexuelle commise par un homme.
Les femmes ne commettent-elles pas ce type d'abus ?
C'est une question très controversée car on pense aujourd'hui que l'inceste est
lié à la " sexualité prédatrice de l'homme ". Toutefois, il y a un
certain nombre de femmes qui ont un rapport incestueux avec leurs enfants.
D'abord, le plus souvent, on constate qu'il n'y a pas de problématique "
psychiatrique " repéré chez un homme incestueux, ce que l'on retrouve chez
la mère. On trouve des mères qui dans leur tête continue à imaginer que cet
enfant de 3 ou 4 ans est un bout de leur chair, elles n'arrivent pas à couper
le cordon. Quand une femme agresse son enfant, le plus souvent, ce sont des
attouchements, elles masturbent leur petit garçon. L'inceste commis par la
mère, c'est peut- être encore caché mais c'est encore assez rare.
Une autre explication qui pousserait une femme à toucher son enfant, c'est
qu'il y a des hommes qui se comportent à l'intérieur de la famille comme des
maquereaux, qui ont des rapports de violence avec leurs épouses, qui pratiquent
une sexualité hard. Ces épouses vivent dans la peur et ont perdu tout repère
dans la sexualité " normale ". Ces maris peuvent amener leurs femmes
à être dépossédées de leur dignité de mère ce qui peut les conduire à déraper,
donc c'est la conséquence d'actes forts de domination de l'homme.
Y a-t-il un rapport entre la gravité des faits (attouchement, viol...) et le
préjudice subi par la victime ?
Non, ce n'est pas parce qu'il y a attouchement ou viol que le préjudice est
plus ou moins grave. Ceci est plurifactoriel : c'est lié à l'agression, au type
d'agression, aux autres actes de cruauté associés à l'agression sexuelle, à la
réaction de l'enfant, à celle de l'agresseur, à la fréquence et la durée car
des enfants qui sont abusés pendant de longues périodes vont avoir des
problèmes sur leurs conduites sexuelles. Par exemple, on sait que 2 prostituées
sur 3 au moins ont été victimes d'agressions sexuelles. Beaucoup d'auteurs
imposent le silence à l'enfant. Dans le sujet par exemple, le père disait au
petit garçon que s'il parlait, le père allait le tuer. Tout ça accentue le
traumatisme. Enfin, c'est lié à la reconnaissance des faits par l'auteur. Et
tout cela aggrave le préjudice.
Lorsqu'il n'y pas de passage à l'acte, l'inceste moral est-il autant
dévastateur ?
Dans le cas de l'inceste moral, il y a un déclinement incestueux qui entraîne
des confusions entre la sexualité du père et de celui de l'enfant. Par exemple,
le parent va avoir des propos dans lesquels l'enfant ne doit pas être mêlé. Par
exemple, un papa pense bien faire en racontant la façon dont sa compagne lui
fait l'amour, il imagine éduquer l'enfant dans sa sexualité, autre exemple, les
parents qui regardent une cassette X devant l'enfant. Tout cela est incestueux.
Il ne faut pas affoler tout le monde. L'enfant est curieux par nature. Quand
c'est lui qui va discrètement entrebâiller la porte de ses parents pour voir
comment ils font l'amour, ce n'est pas traumatisant, ça le fera rire. Alors que
lorsqu'on montre, ce sont des besoins qui ne sont pas les siens et là, il est
choqué. On peut alors se poser quelques questions : peut-on se balader nu
devant son enfant, peut-on prendre un bain avec lui ? Pour être nu, il faut
être beaucoup plus clair dans sa tête que quand on est habillé. Pour le bain,
moi je recommande aujourd'hui aux parents à partir d'un certain âge, 3 ans, de
ne pas prendre le bain avec l'enfant. A cet âge, l'enfant a des représentations
c'est-à-dire que cela va laisser des traces au niveau de la vie imaginaire.
Que pensez-vous de la responsabilité de la mère quand l'inceste a été commis
par le père ?
J'ai l'habitude, dans le secret des entretiens que j'ai avec des enfants
victimes, de voir les mamans et de les interroger sur ce qu'elles ont refusé de
subir en tant qu'acte sexuel de leurs maris. Alors qu'une maman ou une compagne
va savoir se protéger des demandes sexuelles atypiques, le compagnon va trouver
quelqu'un de plus vulnérable qui va le satisfaire, et ça tombe sur l'enfant.
Souvent, la maman retrouve dans les actes commis par son mari sur l'enfant des
fantasmes qu'elle lui a refusé.
Mais pourquoi le père n'évacue-t-il pas ses fantasmes auprès de femmes
adultes ?
Parce que la " chair fraîche " est à côté, parce que socialement, cet
homme là ne fréquente pas les prostituées.
Le plus fréquent, c'est la fellation et la sodomie, pratiques souvent refusées
par la partenaire. Un certain nombre d'agresseurs ont des besoins pulsionnels
où le désir passe par l'emprise sur l'autre. L'autre n'est plus " sujet
" mais " objet ". Le père déshumanise l'enfant, il ne le voit
plus comme son enfant mais comme une chose. Le retour à soi entraîne un clivage
énorme, les deux personnalités de l'agresseur ne se rencontrent pas car si
elles se rencontrent, c'est la mort. Beaucoup d'agresseurs se suicident quand
ils découvrent ce qu'ils ont fait. Donc ils " clivent " le loup qui
les habite afin de ne pas être dévoré psychologiquement. Cela passe par
l'annulation, " ça n'a jamais existé ", c'est de la perversion. Les
seuls agresseurs avec qui on peut travailler ont comme caractère de se repentir
donc d'avouer leur trouble. Avec ceux qui nient, comment retrouver des liens ?
Ils rendent l'enfant fou.
INTERVIEW Catherine Perlmutter
Catherine Perlmutter
Avocate
au barreau de Paris, spécialisée en droit des personnes.
Catherine Perelmutter est avocate depuis 17 ans. Elle est spécialisée en
droit immobilier et en droit des personnes, c'est dans ce cadre là qu'elle
collabore depuis 5 ans avec l'association " Enfance et partage " qui
propose un savoir- faire en matière de protection et de défense des enfants
victimes de violences physiques et sexuelles.
Le terme inceste existe-t-il dans le Droit Pénal ?
Le mot inceste n'est pas inscrit stricto sensu dans le Code Pénal Français. Il
constitue simplement une circonstance aggravante du viol. Dès lors, l'inceste
est inscrit dans le code sous les termes " viol commis par une personne
ayant autorité ".
Le viol en tant que tel est un crime susceptible d'être puni par une peine de
15 ans de réclusion criminelle, alors que le viol " commis par une
personne ayant autorité " est susceptible d'être puni d'une peine de 20
ans de réclusion criminelle.
Par " personne ayant autorité ", on entend les personnes ayant un
certain pouvoir sur la victime, c'est à dire : toute personne membre de la
famille ou extérieure à elle qui joue un rôle d'autorité vis-à-vis de la
victime. Il peut donc s'agir des parents, des grands-parents, mais aussi des
professeurs, éducateurs... Mais il n'y a pas de spécificité de punition pour
l'inceste en tant que tel.
Quelle différence fait-on entre le viol et les attouchements dans le cadre
de l'inceste ?
Il existe deux types d'infractions sexuelles pour le comportement incestueux au
sens large : l'une est qualifiée de crime, l'autre de délit. On parle de viol
lorsqu'il y a pénétration par n'importe quel orifice : pénétration digitale,
anale, buccale... Il s'agit là d'un crime qui nécessite une instruction
obligatoire et un renvoi devant la cour d'assises. A contrario, on parle
d'attouchements lorsqu'il n'y a pas de pénétration. Il s'agit donc de toutes
agressions sexuelles commises avec violence, sous la contrainte ou la menace.
Ce délit nécessite également une instruction et un renvoi devant le tribunal
correctionnel.
Le viol jugé aux assises et les attouchements en correctionnelle, est-ce une
réponse immuable ?
Parfois, on fait face à un dossier délicat et par peur que la cour d'assises
acquitte l'agresseur par manque de preuve, on décide d'un jugement en
correctionnelle qui offre plus de certitudes. Donc, souvent, le choix de
l'instance est lié au problème de la preuve.
Indépendamment des actions au pénal, peut-on envisager pour les victimes une
réparation au civil ?
Oui, par exemple pour le viol, parallèlement à la solution pénale, il y a
toujours la possibilité d'aller au civil. Dès lors, ce n'est pas sur le
fondement du viol ou sur l'agression qu'on insiste, mais plutôt sur la faute :
c'est plus les dommages et intérêts qui sont visés.
Et au niveau des peines ?
Comme je vous l'ai dit, le viol est normalement puni de 15 ans, mais il existe
des circonstances aggravantes qui peuvent durcir la peine, notamment le viol
" commis par personne ayant autorité ".
Pour les agressions sexuelles, la peine est de 5 ans mais il existe aussi des
circonstances aggravantes. Si l'acte est commis par un ascendant légitime, par
toutes personnes ayant autorité sur la victime ou encore par toutes personnes
ayant abusé de l'autorité que lui confère ses fonctions.
Comment se déroule la procédure judiciaire ?
Après avoir effectué l'expertise psychologique et médicale de la victime, la
police l'auditionne. A cet instant précis, le procureur décide de poursuivre ou
non la procédure. Si il n'y a pas de poursuite, la victime peut porter plainte
en enclenchant la procédure judiciaire en se constituant partie civile.
Si par contre, le procureur décide de poursuivre la procédure, le juge
d'instruction est saisi et décide de la liberté provisoire ou non de " l'agresseur
". Le juge d'instruction ouvre alors une information avec mise en examen
de l'auteur et confrontation entre les deux parties. Le juge a également la
possibilité de filmer la victime pour éviter un face à face trop brutal avec
l'auteur présumé.
La prescription est un terme qui revient souvent dans les affaires
d'inceste, pouvez-vous nous apporter des précisions par rapport à ce terme ?
Le délai de prescription est le délai qui court à compter de l'infraction,
durant lequel une personne peut-être poursuivie. Ce délai est de 10 ans* après
la commission des faits ou 10 ans après la majorité de la victime : il s'agit
là des nouveaux délais de prescription pour les crimes (viols) en application
depuis 1989. En 1998, le délai relatif au délit (attouchements) a été aligné
sur celui du crime et a donc été rallongé à 10 ans. On peut donc dire que même
si certains éléments liés à l'inceste en tant que tels (amnésie des faits,
période d'occultation...) n'ont pas encore été pris en compte, la justice a
quand même progressé en revoyant par deux fois la loi en 1989 et en 1998.
* 20 ans aujourd'hui
Etes-vous pour l'imprescriptibilité ?
J'ai écrit dans "Libération" que dans l'attente d'une meilleure
solution, la justice devrait peut-être penser à rendre l'inceste
imprescriptible. Or, pour le moment en France, le seul crime imprescriptible
est le crime contre l'humanité, or l'inceste et le crime contre l'humanité sont
deux choses bien différentes.
Une autre solution s'envisage : peut-être que pour les victimes de 29 ans et
plus, on pourrait trouver un moyen juridique de rallonger la prescription.
Peut-être devrait- on trouver une clause de suspension de la prescription. Pour
les cas d'amnésie des faits, on pourrait aussi envisager de faire courir la
prescription à dater de la prise de conscience des victimes. Cela pourrait être
une nouvelle amélioration de la justice. D'un autre côté, cela engendre un
nouveau problème : celui de la dissimulation des preuves et de la difficulté
d'en trouver au moment de l'ouverture du procès.
Mais je crois que la solution est avant tout dans la main des victimes... La
meilleure des choses serait de leur demander si elles ont véritablement besoin
d'un procès pour se reconstruire.
Est-ce qu'une reconstruction est possible chez la victime à partir du moment
où il n'y a pas de procès ?
Quoiqu'il ce fasse, qu'il y ait procès ou pas, la souffrance existe chez les
personnes abusées. Il faut bien garder à l'esprit que le procès n'est pas une
recette miracle pour atténuer la souffrance. Il peut aider, mais ne peut pas
tout résoudre. Pour ma part, je crois que encore mieux qu'un procès, c'est la
psychothérapie qui permet la reconstruction.
Il faut toujours se poser deux questions :
Est-ce que les réponses que l'on peut donner sont uniquement judiciaires ?
Est-ce forcément dans la réparation judiciaire que l'on doit creuser ?
Il est vrai qu'être reconnu comme victime est peut-être l'élément le plus
important, car chez les témoins, il y a toujours cette culpabilité diffuse,
cette impression d'être le criminel. C'est un passage primordial, et peut-être
encore plus pour l'enfant que pour l'adulte, car l'enfant, pour croire en la
société dans laquelle il grandit, doit croire en son système judiciaire. A
partir du moment où l'enfant est reconnu comme victime, il va pouvoir se
libérer de ce statut de victime. Le procès peut-être un bon point de départ
pour ce faire, mais ce n'est pas l'unique possibilité. Il y a d'autres moyens
comme engager une procédure pour changer de nom afin de ne plus porter le nom
de son agresseur, etc...
Dans un article de " Libération", vous faîtes un parallèle
intéressant entre l'inceste et le crime contre l'humanité. Qu'entendez-vous par
là ?
J'insiste tout d'abord sur le fait que ce n'est pas du tout la même chose, mais
qu'après observation, on décèle pas mal de similitudes.
D'abord au niveau du silence de la société qui laisse commettre des crimes sans
ouvrir les yeux avec, en outre, un énorme délai pour réussir à prendre
conscience des choses.
Ensuite, au niveau de la puissance du traumatisme. On observe dans les deux cas
le traumatisme des survivants qui se transmet bien souvent sur plusieurs
générations (3), à cause de l'intensité du choc.
Et puis, il y a aussi la perte d'identité de la victime dû à la présence de
nombreux troubles du comportement.
INTERVIEW Estelle Kuil
Estelle Kuil
Psychologue
victimologue
Estelle Kuil est spécialisée en thérapie cognitive et comportementale. Elle
est diplômée en victimologie; un diplôme délivré par le Centre International de
Science Criminelle de Paris. Ce n'est pas reconnu par l'Etat mais par la
profession. C'est une formation supplémentaire obtenue en une année avec cours
et stages aux Etats-Unis dans les services compétents. Elle est spécialisée
dans les problèmes de sévices sexuels sur les enfants.
Comment définissez-vous l'inceste ?
C'est un acte très particulier dans la mesure où acteur et victime ont des
liens de parenté. Très souvent, agresseur et victime s'aiment profondément.
L'enfant obéit à son père parce que celui-ci représente l'autorité et fait de
son mieux pour que la vie de son enfant soit épanouissante. Donc, la victime
n'intègre pas que ce qu'il vit est anormal. La problématique des victimes est :
"j'aime ou je n'aime pas mon père ?". J'ai reçu ce matin une petite
fille de 5 ans violée par son père qui me demandait : " Est- ce que je ne
dois plus aimer mon papa parce qu'il m'a fait des choses ? ". Dans la tête
de l'enfant, ce n'est pas clair. Dans le viol par exemple, il n'y a pas de
liens directs, la rage monte. Chez les victimes d'inceste, cette rage n'existe
pas ou du moins elle a du mal à s'exprimer.
Si les sévices persistent, l'enfant commence à sentir que quelque chose ne
tourne pas rond car il sent un tabou autour du sujet. Une question dans la tête
de l'enfant devient de plus en plus présente : " c'est bien ou mal ?
". J'ai reçu une petite fille de 7 ans dont les parents avaient divorcé.
Elle a été violée par son père. Je lui ai demandé pourquoi elle n'en avait pas
parlé avant. Elle m'a répondu : " mon père m'a dit que si j'en parlais, je
ne viendrais plus le voir. Moi, j'aimais mon papa et je ne voulais pas ne plus
le voir, alors j'ai demandé à ma mère si c'était vrai que si on disait un
secret, on ne reverrait plus son papa ". Sa mère a creusé, la petite lui a
tout raconté et la machine judiciaire s'est mise en route.
Existe-t-il selon vous un inceste " moral " ?
Oui. Ce sont des enfants qui me disent : " mon père, il me regarde
bizarrement, je sens un truc pas normal " ou alors : " mon père
m'achète mes soutiens-gorge, ça lui procure du plaisir "… Attention, je ne
veux pas faire peur à tous les pères de France. Mais c'est un climat
incestueux. J'ai connu une petite fille qui me disait : " je ne supporte
pas l'haleine de mon père ". En fait, le père embrassait sa fille trop
près de sa bouche et ça la mettait mal à l'aise. Et effectivement, il y avait
une ambiguïté dans la tête du père qui aurait pu passer à l'acte. En fait, ce
sont des éléments à connotation sexuelle qui sortent du contexte normal. Il y a
un regard qui déshabille, une main qui frôle les fesses et qui s'y attarde un
petit peu.
Justement, pour rassurer " tous les pères de France ", quelles
sont selon vous les limites à ne pas franchir ?
On peut prendre son enfant sur ses genoux sans pour autant avoir un geste
incestueux. Ce qui est important, c'est que le geste ne comporte pas
d'ambiguïté. Un père qui déshabille sa fille du regard, elle le ressent.
L'enfant interprète ce qu'il reçoit. C'est pareil avec les mots. Certaines
expressions peuvent être sexuées. L'ambiance incestueuse est parfois plus destructrice
que le passage à l'acte.
Vous avez l'habitude d'auditionner des enfants qui s'expriment pour la
première fois. Que pensez-vous des sites pilotes du Docteur Aiguesvives ? Je
trouve que c'est bien car l'enfant va pouvoir dire un maximum de choses en un
minimum de temps. J'ai vu des enfants qui avaient subi 3 auditions policières,
deux consultations chez le médecin légiste, le gynécologue, c'est traumatisant
pour l'enfant. Alors que là, tout est fait dans un même et unique lieu. En
plus, je suis pour l'audition enregistrée car on n'analyse pas uniquement les
propos de l'enfant, on regarde aussi son comportement. Un enfant qui baisse la
tête, ou qui s'exprime d'une façon robotisée peut cacher quelque chose.
L'enfant peut avoir peur de dire tout ce qu'il a subi, il peut essayer de
protéger son agresseur et tout cela, on ne peut l'analyser que si l'entretien a
été filmé. Maintenant, certains juges d'instruction sont défavorables à l'idée
de faire passer une audition à l'hôpital. Selon eux, ce lieu symbolise la
" maladie " alors que le commissariat symbolise le " délit
" et effectivement, un inceste, c'est un délit. Mais je pense que tout
dépend de la manière dont on prépare l'enfant. Il faut lui expliquer avant. La
façon dont l'enfant va pouvoir s'exprimer est très importante.
J'ai vu une petite fille qui a été traumatisée, une fois de plus, par les flics
car ils sont venus la chercher à la maternelle, pendant la récréation. Pour
elle, elle était coupable, on l'emmenait comme une criminelle. Aujourd'hui,
policiers et gendarmes essaient de faire des efforts car on parle de plus en
plus de l'inceste et de ses conséquences. Mais cela n'a pas toujours été le
cas.
Lorsque l'enfant se décide à parler, on constate que souvent, le parent qui
accompagne l'enfant (souvent, la mère) dit ne rien avoir vu. Qu'en pensez-vous
?
Après avoir entendu les enfants, je demande systématiquement aux mamans :
" n'avez-vous pas senti qu'à un moment donné votre enfant avait une
attitude anormale ? ". Toutes me répondent " oui " mais elles ne
pensent pas à l'inceste, c'est tellement tabou qu'elles ne l'imaginent pas. Le
fils a mal au ventre de manière chronique, la fille ment sans arrêt ou alors,
il y a aussi les enfants qui se réfugient dans le travail à l'école. D'élèves
moyens ou médiocres, ils deviennent des têtes, comme s'ils devenaient
boulimiques. J'ai même eu le cas d'une petite fille de 6 ans qui soulevait
toujours sa jupe. Pendant l'audition, sa mère m'a dit : " elle est
aguicheuse ma fille, elle veut charmer tout le monde ". Après en avoir
parlé, la mère a compris que sa fille mimait ce que son père lui demandait de
faire, c'était un signe. On essaie de comprendre avec la maman ce qui s'est
passé, il y a des détails qui reviennent, comme par exemple des revues pornos
qui traînent sous le lit. On trouve aussi des mamans qui rejettent tout en bloc
et qui n'arrivent pas à aider leurs enfants. J'ai eu par exemple, le cas d'une
mère qui n'arrivait pas à en parler avec sa fille. On a découvert qu'elle avait
elle-même été victime d'inceste pendant son enfance. Elle n'en avait jamais
parlé. N'ayant pas résolu son histoire, elle ne parvenait pas à aider son
enfant, c'était trop douloureux.
Les victimes qui n'ont pu en parler pendant les faits s'enferment dans
l'amnésie. Les souvenirs ne réapparaissent semble-t-il qu'à l'âge adulte.
Comment expliquez-vous cette forme d'amnésie ?
Inconsciemment, l'enfant se force à mettre ça de côté. Vous savez, quand on
vient de finir une relation sentimentale, on fait tout pour oublier la personne
et petit à petit, l'oubli se fait. Dans le cas de l'inceste, l'enfant va
verrouiller toutes les portes d'accès à ce souvenir. En grandissant, des
événements vont malgré tout réactiver le souvenir. Une odeur, une balade, une
situation suffisent à déclencher des flashs, ça provoque une réaction, c'est la
madeleine de Proust.
Par exemple, une femme est venue me voir. Elle était mariée depuis plusieurs
années, un mariage vraiment réussi. Pendant un rapport sexuel, son mari a passé
sa main sur son corps, ce geste lui a provoqué une réaction violente car d'un
seul coup, elle a vu la main de son père. Autre exemple : une maman préparait
le goûter d'anniversaire de sa fille qui fêtait ses 6 ans. Elle préparait un
gâteau et d'un seul coup, sans savoir pourquoi, elle a sauté par la fenêtre.
Par chance, elle s'en est sortie. Je lui ai demandé : " qu'est-ce qui vous
est arrivé à 6 ans ? ". Elle ne savait pas. On a réussi à faire resurgir
les souvenirs, elle s'est faite abuser à 6 ans. C'est tellement violent sur le
plan psychique que la personne oublie mais en face d'elle, elle avait son
équivalence. Très souvent, les souvenirs sont réactivés au moment de fonder une
famille. Cela se réactive tout doucement mais il y a toujours des symptômes,
des signes qui nous laissent entendre qu'il a pu y avoir inceste.
Quels sont ces symptômes ?
Il y en a plusieurs. La personne peut souffrir de troubles alimentaires.
Anorexique ou boulimique, elle se fait vomir pour " cracher le venin
" qu'elle a reçu étant enfant. Ensuite, la personne veut déformer son
corps car elle ne veut pas avoir de forme qui pourrait attirer un homme. Autre
symptôme : les TOC. Certaines victimes se lavent les dents de façon excessive
jusqu'à se déchausser les dents. On veut purifier, se laver la bouche d'une
fellation. Et puis il y a les problèmes sexuels. Soit la personne évite toute
relation, c'est le blocage, soit elle tombe dans l'excès. J'ai reçu une
prostituée qui me racontait sa vie. La journée, elle avait un boulot, et elle
se prostituait la nuit. Elle m'a dit : " vous savez, la nuit, c'est moi
qui domine, c'est moi qui décide, je ne suis plus une victime ". J'ai
rencontré d'autres victimes qui pratiquaient le sado-masochisme. Ils rentrent
dans une sexualité extrême qui fait mal pour sortir de la problématique "
je suis soumis ". La personne maîtrise adulte ce qu'elle n'a pas pu
maîtriser enfant.
Les victimes se posent en général les mêmes questions : pourquoi ? pourquoi
moi ? A-t-on des réponses pour les aider à comprendre ?
Le pourquoi...
Environ 50 % des pères incestueux ont vécu des choses similaires dans leur
enfance. Ce n'est pas forcément dans l'intra-familial, ça peut être une
agression sexuelle subie par un membre extérieur de la famille (un éducateur,
un ami de la famille). Ils ne reproduisent pas forcément les mêmes actes. Si le
père incestueux n'a pas eu d'explication sur ce qui lui est arrivé (ce n'est
pas bien ce qui s'est passé sur ton corps à toi), il peut glisser
progressivement vers l'agression sexuelle sur son propre enfant.
Certains agresseurs dérapent dans la confusion. Ils confondent l'amour légitime
et le dérapage et comme l'enfant ne dit rien, ils continuent. Mais ce n'est pas
dans le but de faire mal, ils sont dans la confusion.
Il y a les pervers sadiques qui font ça pour faire mal. Souvent, ces types ont
eu un passé particulier de maltraitance, de violence ou d'abus sexuels.
Ensuite, on trouve le profil du délinquant limite psychopathe. Comme ils
n'arrivent pas exprimer leur souffrance, ils se vengent et passent à l'acte.
Le Pourquoi moi....
Il y a beaucoup de réponses possibles. Il est important de faire des recherches
poussées autour de la famille. On doit comprendre la généalogie. Si un père qui
était l'aîné de la famille dérape, il est possible qu'il s'en prenne à sa fille
aînée. On retrouve souvent l'explication dans le rôle que le père a eu à jouer
avec ses propres parents, frères et sœurs, oncles, ...Ce n'est jamais par
hasard qu'il reproduit sur cette fille là et pas une autre.
REVUE DE PRESSE
Une criminalité qui sort de l'ombre.
Libération, le 5 novembre 2000.
Les viols sur mineurs concernent un quart des verdicts en assises.
Quelques cas litigieux ne doivent pas masquer l'ampleur de la situation et de
la prise de conscience : en France, le nombre de condamnations pour viols sur
mineurs représente quasiment le quart des verdicts rendus en cours d'assises (
soit 475 condamnations de ce type en 1998). A l'heure actuelle, les tribunaux
en correctionnelle ou en assises sont débordés par des affaires de ce genre,
qu'il s'agisse d'inceste ou de pédophilie.
Longtemps ignorée, la parole de l'enfant et de l'adolescent s'est aujourd'hui
libérée. Comment ? Grâce notamment aux campagnes de sensibilisation, à la
prévention dans les écoles : on apprend aux enfants que leur corps leur
appartient, on les alerte. A la télévision, la diffusion de reportages sur ce
thème déclenche immanquablement, des "pics" de plaintes dans les
jours qui suivent.
Enfin, l'arsenal législatif (depuis 1998, la loi oblige par exemple les
enseignants à saisir la justice, même sur la base d'un soupçon, de toute
violence exercée contre un enfant) permet aux gendarmes et policiers d'écouter
rapidement les enfants se disant victimes d'abus.
Inceste : des victimes de plus en plus jeunes.
France Soir, le 23 octobre 1992.
Ces drames à l'origine de la majorité des suicides d'enfants.
Les petites victimes sont de plus en plus jeunes : "Le nombre de viols
commis sur des petits de 2 ou 3 ans, dont certains ont même moins de 1 an ne
cesse d'augmenter, précise France Gublin, présidente d'Enfance et Partage. Et
la majeure partie des suicides ou des tentatives de suicide d'adolescents ont
l'inceste pour origine."
Une détresse le plus souvent cachée, un atroce secret d'alcôve que les enfants
gardent au fond de leur cœur blessé et honteux, aggravé dans la moitié des cas
par le silence de mères complices …Dénoncer l'inacceptable, c'est parfois
reconnaître qu'on s'est tu jusque-là, reconnaître aussi la vraie nature de
l'homme avec lequel on vit, et c'est surtout provoquer un séisme dont elles
seront les premières victimes.
Le monde clos du délinquant.
La Croix, le 23 avril 1992.
Qui sont les délinquants sexuels ?
Les transgressions sexuelles graves sont rarement le fait de grands malades
mentaux. Il n'y a pas de lien de causalité entre la barbarie d'un acte et la
folie de son auteur.
Il y a une dimension paranoïaque chez les transgresseurs sexuels. Ils vivent
l'autre comme un persécuteur, un provocateur : c'est l'autre qui les agresse avec
le désir qu'il met en eux. Ils évitent d'ailleurs de le penser, cet autre, pour
ne pas se confronter aux conséquences de leur acte.
Tout autre est le profils du père incestueux, qui ne violent jamais en dehors
du cercle familial et dont le docteur Coutenceau observe que "dans 80 %
des cas, ce sont des hommes rigides, voire à principes autoritaires chez eux (
c'est le type même du tyran domestique), mais inhibés en société.
Souvent, ils n'ont eu aucune relation amoureuse avant la rencontre avec leur
épouse, et leur vie sexuelle conjugale est très stéréotypée". Sur cette
toile de fond se greffent très souvent l'alcool dont le rôle désinhibant est
avéré, et le chômage. L'occasion ("ma fille était là quand j'en avais
envie") précipite alors les évènements.
15 mars 2007
AIDER AIVI
AIVI ne reçoit aucune subvention !
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CENDRA
12 mars 2007
LE COURAGE...
... Appartient aux femmes.
Je me dis : le blog est un site de billets d'humeurs journalier. Bien !
Alors, ce soir, et croyez-moi! ce n'est pas facile d'en parler, je parlerai d'un épisode de ma vie pas facile.
C'est drôle, il y a quelques temps, je ne voulais pas d'un blog et parler de moi-même. Mais là je crois que c'est plus fort que moi : ce désir de justice.
Je n'en parlerai que succinctement.
J'avais une relation épisodique avec un homme marié. Je savais qu'il était marié et je m'en fichais. Ce n'était qu'un jeu, un passe-temps. Ce n'était même pas une relation d'ailleurs.
Or, un jour, il mit de la drogue dans ma bière (il m'a demandé si je voulais la mousse... c'était probablement pour cacher la drogue). Je me sentis bizarre, consciente et inconsciente, impossible de résister. Il m'a violée. Malgré mes "non", il a continué.
Puis il est parti.
Je me suis habillée. Oulala, je flottais dans mes vêtements... Je suis allée hors de chez moi, téléphoner à la police (depuis une cabine). Le policier a été gentil. Il m'a posé des questions, si j'étais divorcée, quel âge j'avais... etc. Et il a fini par conclure que c'était de l'héroïne (goût amer, fine poudre blanche). Hélas, il m'a demandé s'il pouvait me rappeler, de ne pas bouger. J'ai donc raccroché. J'ai pris peur et je me suis enfuie...
Le lendemain, je voulais faire faire une analyse de sang. Les laboratoires me conseillaient d'aller à St Roch, tout comme mon médecin. J'y suis donc allée.
On m'a demandé de remplir un formulaire et d'y écrire le pourquoi de ma venue.
Mais, mon formulaire était, pour je ne sais quelle raison, toujours mis en dessous de la pile. Pendant ce temps, des jeunes filles étaient arrivées, et avaient apparemment des luxures ou déchirures musculaires. Elles passaient avant moi.
Et moi, j'étais seule avec mon désarroi.
J'ai fini par reprendre mon formulaire et je me suis enfuie. Je suis allée m'acheter du Yop, j'avais soif (effet de la drogue ?).
C'était trop tard. Je n'ai jamais osé porter plainte. Maintenant, il n'y aurait plus de preuves. (j'avais gardé les verres dont celui avec le restant de poudre).
Trop tard et ce bâtard travaille à 200 mètres de chez moi.
Le jour de la Saint Valentin, lui, ou son employé ou associé m'a lancé un "bonne fête". Plus tard, je suis repassée et ai craché sur le rideau refermé.
Je remercie néanmoins le policier qui m'a écouté. Qu'il ne regrette pas trop de m'avoir fait raccrocher. Si je n'avais pas raccroché, peut-être que...
Je ne remercie pas la voiture garée dans le parking où des policiers riaient, le lendemain.
Oups, remercier une voiture ?
C'est pour cela que je pousse un cri d'alarme : portez plainte ou bien, avancez, et ne regardez jamais en arrière !
Alerter. Les élus, les médecins, les policiers, les autres : l'inceste fait que parfois, vous "reproduisez" des actes négatifs. Vous cherchez le mal. Parce que le bien, vous ne savez plus ce que c'est. Ou parce que, quand j'étais petite, j'étais belle, et cela ne m'a rien apporté. Donc, je me suis "amochie"... Il faut développer les structures d'accueil et d'écoute. Ne pas trop médicaliser, mais développer l'écoute et la parole. il faut former des gens à cette écoute. Il y en a trop peu.
Avancer. Connaître ses objectifs. Connaître son passé : vivre avec. Accepter ce que l'on a vécu sans le subir mais pouvoir regarder en face ce que l'on a fait, ce que l'on a vécu, subi.
Avancer. Faire avancer les lois, les aides aux victimes. Si l'on est assez fort, aider les autres. Mais il faut d'abord s'aider soi-même.
Parler "en public" c'est comme une forme de procès. Pas de juges. Pas de jurys. Pas de délibérations. Mais peut-être une forme de paix avec moi-même.
Et du courage.
ADJUGE...
Coupable de lâcheté.
Un jour, je me suis arrangée pour faire venir mon père seul chez moi. Je lui ai parlé de ce qu'il avait fait. Bientôt, je m'en excuserais même !
"Mais tu me crois ?"
Réponse : "Si tu le dis..."
Monsieur mon père ne se souvenait plus...
Hum, que c'est doux de ne pas se souvenir, n'est-ce pas ?
D'accord, moi, j'ai eu le courage. Pas toi !
Courage d'en parler.
Et toi, pas le courage d'avouer. Tu devras mourir avec cela. Mais je suppose que tu as déjà oublié...