18 juin 2007
LE MODEM A LARGEMENT AIDÉ LES CANDIDATS DE GAUCHE
PARIS (Reuters) - Les électeurs du Mouvement démocrate (MoDem), attachés au pluralisme, ont largement contribué à faire élire des élus socialistes au second tour des élections législatives, affirment plusieurs analystes.
François Miquet-Marty, de l'institut LH2, voit dans ce phénomène "surtout constaté dans les grandes villes comme Paris, Lyon et Toulouse" l'un des grands enseignements du scrutin.
"Après le premier tour, une majorité de Français estimait que Nicolas Sarkozy concentrait trop de pouvoirs", a-t-il déclaré à Reuters.
"Nombre d'électeurs du MoDem se sont portés vers la gauche, pas forcément parce qu'ils adhèrent à ses idées mais au nom d'une logique de rééquilibrage des pouvoirs", a-t-il observé.
Même constat pour le politologue Pascal Perrineau, pour qui les appels au pluralisme lancés par certains ténors du MoDem ont été entendus comme des invitations à voter à gauche.
"Cela a été décisif pour expliquer des défaites comme celles d'Alain Juppé en Gironde ou de Renaud Donnedieu de Vabres en Indre-et-Loire", a-t-il noté sur France Info.
Selon un sondage CSA, 55% des électeurs du MoDem se sont reportés sur un candidat de gauche au second tour, 28% ont préféré un prétendant de droite, et les autres se sont abstenus.
Crédité de 7,6% des voix au premier tour, le MoDem n'a réussi à se maintenir que dans une poignée de circonscriptions pour finalement obtenir quatre députés.
François Bayrou, ancien candidat de l'UDF à la présidentielle, où il a obtenu 18,6% des suffrages au premier tour, et fondateur du MoDem, a été réélu dans les Pyrénées Atlantiques, de même que son ami Jean Lassalle.
Thierry Benoit a créé la surprise en battant l'UMP Marie-Thérèse Boisseau en Ille-et-Vilaine. Enfin, Abdoulatifou Aly, qui avait demandé à rejoindre le MoDem entre les deux tours, l'a emporté à Mayotte.
"DES ALLIANCES AVEC LE PS SONT INÉVITABLES"
Issu du MoDem mais séduit par les propositions de collaboration émanant de la majorité, Jean-Christophe Lagarde, réélu en Seine-Saint-Denis, ne siègera pas dans le camp Mouvement démocrate au Palais-Bourbon.
De son côté, le Nouveau Centre créé par les élus UDF sortants ralliés à Nicolas Sarkozy aura 22 députés dans la nouvelle Assemblée. Tous ses adeptes ont été réélus, à deux exceptions près : Bernard Bosson, battu en Haute-Savoie par un candidat divers droite, et Rodolphe Thomas, éliminé par une socialiste dans le Calvados.
Bien que doté d'un groupe à l'Assemblée, la voix du Nouveau Centre sera atténuée du fait de son alliance avec la majorité.
"Pour moi, le centre, c'est le Nouveau Centre", déclarait lundi matin lors d'un point de presse le secrétaire général délégué de l'UMP, Patrick Devedjian. "Aujourd'hui, le MoDem ce n'est pas un groupe politique et son succès est tout de même très relatif..."
A défaut de députés, le Mouvement démocrate veut compter sur sa base militante - il revendique près de 80.000 adhésions depuis sa création, le 10 mai.
Pour François Miquet-Marty, l'avenir du courant centriste passera par un mariage arrangé avec le Parti socialiste. "Les militants PS sont davantage favorables à un rapprochement avec le MoDem qu'avec le PC par exemple", fait-il remarquer.
"Ce qui reste de l'électorat du MoDem est porteur de thèmes qu'il partage assez souvent avec l'électorat de la gauche traditionnelle", comme cela a été le cas pour la TVA "sociale", note pour sa part Pascal Perrineau.
"A terme, les alliances sont inévitables", prédit François Miquet-Marty même si, ajoute-t-il, "compte tenu des divisions internes au PS, certains vont voir cela d'un mauvais oeil".
Côté MoDem, le choix qui se présente à François Bayrou "est à la fois simple et cornélien : soit il maintient une ligne ni gauche ni droite, très étroite, soit il tend la main ponctuellement à la gauche, comme il l'avait fait en débattant avec Ségolène Royal entre les deux tours de la présidentielle", résume le politologue de LH2.
Commentaire :
Quand la raison l'emporte... Merci aux électeurs du Modem.
Commentaires
Le Modem a une double nature:
- C'est d'une part l'outil qu'entend se bâtir F. Bayrou dans l'espoir d'être Président de la République en 2012, ce qui est chez lui une idée fixe.
- D'autre part, ce sont des adhérents et militants qui en ont marre de l'UMP, de son sectarisme et de ses magouilles.
Je ne suis pas persuadé, vu l'obsession présidentielle de F. Bayrou, qu'une alliance de Parti à Parti avec le Modem ne nous coûte pas très cher.
Par contre, je suis partisan d'une ouverture politico-programmatique qui montre aux électeurs de F. Bayrou que le PS va devenir un parti ouvert, démocratique, en phase avec les réalités de l'époque et défenseur de l'intérêt général.
Méfiance
Effectivement, il semble obsédé par les élections présidentielles.
D'accord avec ce que tu dis dans ton dernier paragraphe. Mais espérons que cela se fasse, pour l'instant, on continue sur les coups bas portés un peu partout ! Et cela commence à sérieusement m'agacer !
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