21 juin 2007
LES FRANÇAIS PENSENT LEUR POUVOIR D'ACHAT EN BAISSE MALGRÉ SA HAUSSE
PARIS (Reuters) - Le président Nicolas Sarkozy a déclaré
mercredi qu'il y avait "un problème de pouvoir d'achat en France".
L'Insee semble d'accord et estime, dans une étude rendue
publique jeudi, que la perception des ménages sur l'évolution de leur pouvoir
d'achat est beaucoup plus dégradée que la réalité.
"Le pouvoir d'achat a progressé en France plus vivement
en 2006 qu'en 2005 (+2,3% après +1,7%)", a rappelé Fabrice Lenglart, chef
du départ des comptes nationaux lors d'une conférence de presse de présentation
de cette étude publiée dans le rapport sur les Comptes de la nation 2006.
"Certes, si l'on prend un peu de recul, on observe bien
sur les dernières années un certain ralentissement du pouvoir d'achat des
ménages : sa progression s'est faite depuis 2003 sur un rythme annuel moyen de
l'ordre de 2%, contre 3,5% entre 1998 et 2002", a-t-il ajouté.
"D'après la mesure qu'en fait l'Insee, le pouvoir
d'achat ne cesse de progresser année après année", a-t-il poursuivi.
"Or malgré ce constat, la perception du grand public sur cette question
est beaucoup plus dégradée", a-t-il reconnu.
Aussi l'Insee a-t-elle cherché à expliqué ce décalage entre
la perception des ménages et la mesure du pouvoir d'achat défini comme la
progression du revenu disponible des ménages corrigé de l'inflation,
c'est-à-dire de la hausse des prix des produits consommés.
Le revenu disponible des ménages correspond quant à lui à l'ensemble des ressources dont ils disposent, revenus d'activité comme les salaires, prestations sociales et revenus du patrimoine dont sont déduits impôts et cotisations sociales.
L'EFFET DU PASSAGE À L'EURO
L'Insee rappelle que le passage à l'euro a accentué le
décalage entre l'inflation mesurée et l'inflation perçue par les ménages.
"Sans doute la hausse des prix dans la grande distribution, qui a précédé
le passage à la monnaie unique, a joué un rôle important", a relevé
Fabrice Lenglart.
"Touchant des biens achetés au quotidien, cet épisode,
pourtant temporaire a semble-t-il influencé durablement la perception des
ménages quant à l'évolution des prix", a-t-il ajouté.
L'Insee souligne que ce décalage entre inflation mesurée et
inflation perçue dépend du niveau de revenu des ménages.
"Compte tenu de la structure de leur consommation, en
particulier le fait qu'ils soient plus souvent fumeurs, les ménages à bas
revenus ont été plus exposés aux hausses de prix que les autres ménages",
a expliqué Fabrice Lenglart.
"Les ménages ruraux ont davantage subi les effets du
renchérissement de l'énergie", a-t-il précisé.
Au delà de la question de l'inflation, l'Insee estime que le
poids croissant des dépenses dites "contraintes" peut expliquer cette
perception d'une progression moindre que celle mesurée du pouvoir d'achat,
voire d'une dégradation.
Ces dépenses contraintes recouvrent toutes celles considérées comme inévitables parce qu'indispensables et incluent en général les dépenses qui ont un caractère contractuel et non renégociables à court terme comme les loyers, dépenses de chauffage, de transport, de télécommunications, de frais d'assurance mais aussi les impôts directs et les remboursements d'emprunts.
"De 20% des dépenses totales des ménages en 1960, la
part des dépenses contraintes a progressivement augmenté pour atteindre 36% en
2005", note l'Insee, ce qui a pu donner le sentiment aux ménages d'une
moindre aisance financière.
L'Insee souligne toutefois que la part des dépenses
contraintes décroît avec le niveau de revenu tout en ajoutant que ce phénomène
s'est accentué sur la période récente, avec un alourdissement des dépenses
contraintes pour les ménages les plus modestes, particulièrement des dépenses
de loyers.
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