18 juin 2007
SÉGOLÈNE ROYAL PARLE DE "DIFFICULTÉS" AVEC FRANÇOIS HOLLANDE AVANT LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE
PARIS (Reuters) - Ségolène Royal confirme sa séparation
d'avec François Hollande - une décision "totalement disjointe" de la
question du leadership au Parti socialiste - et dit sa volonté de continuer un
engagement politique fort.
"Oui, j'ai envie de continuer si je peux cet itinéraire
politique et je le fais en femme libre assumant ses responsabilités et qui a
clarifié sa situation personnelle", déclare l'ancienne candidate
socialiste à l'élection présidentielle dans un entretien diffusé lundi sur France
Inter.
"On dit souvent que j'agis seule. Non, je crois aussi
que j'ai le sens du collectif et j'ai aussi le sens de la décision. Les
échéances à venir me permettront sans doute de prendre mes responsabilités, et
s'il le faut je les prendrai", dit-elle.
La question, "ce n'est pas première secrétaire ou pas
première secrétaire", ajoute la présidente de la région Poitou-Charentes.
"C'est continuer un engagement politique fort que j'ai entamé lors de
cette campagne de l'élection présidentielle" qu'elle a perdue face à Nicolas
Sarkozy.
"Cela fait déjà un certain temps qu'un certain nombre
de supputations et de rumeurs circulent sur moi et François Hollande, je crois
qu'il était nécessaire de clarifier les choses" après les campagnes
présidentielle et législative, explique-t-elle dans cet entretien enregistré
samedi dernier.
"Les décisions que nous aurons à prendre l'un et
l'autre sur la vie politique c'est-à-dire sur l'avenir de la France et sur le
rôle que nous voulons remplir au service de l'intérêt général et au service de
la gauche seront lues désormais avec un regard différent qui nous accordera à
chacun notre libre détermination, notre liberté de jugement et d'action",
ajoute-t-elle.
Ségolène Royal laisse entendre que les problèmes du couple qu'elle formait depuis près de trente ans avec le premier secrétaire du PS datent d'avant la course à l'Elysée.
RAISONS INTIMES, RAISONS PUBLIQUES
Elle précise qu'ils ont pris cette décision d'un commun
accord et qu'elle ne garde "aucune rancœur, rancune à l'égard de (s)on
conjoint auquel (elle) accorde toute l'admiration qu'(elle) lui ai toujours
accordée et tout le respect (qu'elle) lui dois, et réciproquement".
Politiquement, "je crois que je ne ferai rien contre lui", affirme
Ségolène Royal.
Accusée par certains au PS d'avoir brouillé le message des
législatives en faisant ses révélations le soir du second tour, Ségolène Royal
avance des raisons personnelles, les "dégâts" causés par les
"rumeurs" et sa volonté de protéger les quatre enfants qu'elle a eus
avec François Hollande.
"Il y des raisons intimes que je n'ai pas à expliquer
mais il y aussi des raisons publiques qui font qu'il y avait beaucoup
d'interrogations sur la relation qui nous liait et l'impact qu'elle pouvait
avoir sur la vie politique", dit-elle.
"Je voudrais dire très simplement que nous avons décidé
de ne plus être ensemble. Comme tous les couples, nous avons connu des
difficultés. J'avais choisi de les mettre entre parenthèses pendant la
campagne", ajoute-t-elle.
Sans donner "de détails personnels sur notre
organisation familiale", elle confirme : "c'est vrai que j'ai proposé
à François de vivre sa vie de son côté et qu'il l'a accepté".
Pendant la campagne présidentielle, les deux dirigeants
socialistes avaient refusé de mettre en scène leur intimité. Ils avaient
partagé très peu souvent les mêmes estrades et offert l'image d'un baiser
furtif, fin mars à Limoges.
Ils avaient engagé des poursuites contre un autre livre de
journalistes, "La femme fatale", qui levait une partie du voile sur
la mésentente dans le couple. Ils réclament ensemble 150.000 euros de dommages
et intérêts pour "violation de l'intimité de la vie privée" aux
auteurs et à l'éditeur de l'ouvrage.
FRANÇOIS HOLLANDE CONTRE TOUTE MODIFICATION DU CALENDRIER INTERNE AU PS
PARIS (Reuters) - François Hollande réfute l'idée d'une
accélération du calendrier interne du Parti socialiste et juge normal que
Ségolène Royal présente une motion lors du prochain congrès du parti, prévu en
2008.
Sur i-Télé, le premier secrétaire du PS, qui ne briguera pas
de nouveau mandat, a déclaré qu'il n'était pas candidat au poste de président
du groupe socialiste à l'Assemblée nationale ni à celui de président de la
commission des Finances que Nicolas Sarkozy veut confier à un membre de
l'opposition.
Dans un entretien publié par Le Monde, il expose son projet
de créer un "grand parti qui irait de la gauche jusqu'au centre" et
confirme son intention de rester à la barre jusqu'au congrès.
"Je suis élu par les militants pour aller au terme de
mon mandat. Seul un congrès peut défaire ce qu'un autre a fait. Toute autre
formule serait du bricolage", estime-t-il.
"Le coup de jeune" souhaité ne serait alors qu'un
"coup de vieux", ajoute François Hollande, qui se défend de vouloir
"empêcher quiconque de prendre le parti" et notamment pas la nouvelle
génération socialiste des moins de 35 ans.
Sur France Info un peu plus tôt, François Hollande avait
annoncé son intention de "respecter les échéances et les rythmes" du PS.
De toutes façons, a-t-il souligné, la bataille de succession n'est pas ouverte.
"Nous avons besoin de quoi au Parti socialiste ? Non pas encore d'une bataille de leadership ou la désignation de l'une ou de l'un d'entre nous. Ça viendra. Nous avons besoin de tout comprendre, de tout regarder, de tout réfléchir et, je l'espère, demain de proposer une nouvelle donne aux Français", a-t-il dit.
"ELLE A DES ATOUTS"
Son directeur de cabinet, Stéphane Le Foll, a déclaré que
François Hollande présenterait un calendrier samedi lors de la réunion du
Conseil national, le parlement du parti. La réunion sera l'occasion de
commencer "l'analyse de ce cycle électoral" qui s'achève, a dit le
député européen à la presse.
Dans Le Monde, François Hollande évoque un calendrier allant
jusqu'en 2012, comportant, après l'université d'été de La Rochelle qui doit se
tenir à la fin d'août "des conventions thématiques ou des états
généraux" avant des "assises de la gauche qui nous permettront de
préparer les municipales".
Le congrès, seule instance habilitée à changer la ligne
politique du parti, doit venir "après un processus de rénovation qui va
avoir lieu" et après les élections municipales, a-t-il expliqué sur France
Info sans donner plus de détails. La date initiale était fixée à novembre 2008.
"Au lendemain des élections municipales, nous aurons un
congrès et il est tout à fait normal que Ségolène Royal y fasse valoir ses idées",
a-t-il déclaré.
A la question de savoir s'il la soutiendrait dans son
intention de prendre la tête du PS, François Hollande, qui occupe ce poste
depuis 10 ans, a répondu : "On verra".
"Elle a été la mieux placée pour la désignation
(présidentielle), elle est toujours la plus populaire parmi nous auprès des
Français. C'est vrai qu'elle a des atouts. Moi, je ferai vraiment tout pour que
les atouts du PS soient valorisés dans la période qui vient", a-t-il
ajouté.
Ségolène Royal "a été très claire là-dessus. Elle dit
que c'est au prochain congrès" qu'elle lancera son offensive en présentant
sa motion - programme électoral sur lequel les militants doivent se prononcer,
a-t-il ajouté.
"Nous n'en sommes pas là. Nous sommes là pour réfléchir ensemble, je dis bien tous ensemble parce qu'il y a un besoin d'unité du Parti socialiste", sur les causes des échecs présidentiels et législatifs, a estimé François Hollande.
Mon commentaire :
Ben voilà, on y arrive ! Clair, net, décisionnel !