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18 mai 2007

BERNARD KOUCHNER A UN MINISTERE... AMER

bernard_kouchnerBernard Kouchner, le "french doctor" au Quai d'Orsay

PARIS (AP) - "La France vaut mieux que nos certitudes vieillies et nos crampes partisanes", confiait Bernard Kouchner le 15 avril. En le bombardant au Quai d'Orsay, dans un geste inédit d'ouverture, Nicolas Sarkozy offre au plus populaire des "french doctors" les galons dont il rêvait et que le PS a toujours refusés au moins orthodoxe des siens.

Dès le 22 décembre, le nouveau ministre des Affaires étrangères et européennes n'excluait pas d'intégrer l'équipe Sarkozy: "s'il y a un gouvernement d'union nationale, dépassant les clivages habituels, s'il y a une vraie équipe de France, oui". Le 21 février, le candidat UMP saluait un homme "respectable" avec qui il n'aurait "aucun mal à travailler". Des propos "tout à fait flatteurs" qui avait "comblé d'aise" l'intéressé.

Bernard Kouchner, 67 ans, n'en a pas moins soutenu la campagne de Ségolène Royal, lui remettant notamment un rapport sur le service civique chez les jeunes. En février, elle l'avait intégré à son équipe. Social-démocrate affirmé, il avait cependant pointé le manque de "précision" de ses propositions et pris le risque de l'embarrasser en emboîtant le pas de Michel Rocard en faveur d'une alliance UDF-PS avant le premier tour pour l'Elysée. Son credo: "assez d'esprit sectaire!"

Objet socialiste non identifié, il n'a jamais hésité à exercer sa liberté de parole contre ses camarades du PS, soutenant des projets de droite ou pointant l'"archaïsme" de son parti, tout en restant fidèle à François Hollande. Dépité par son recrutement dans l'équipe Fillon, le patron du PS l'a sévèrement étrillé: "on ne devient pas socialiste avec François Mitterrand pour devenir sarkozyste avec Nicolas Sarkozy", avait-il lancé. Après la confirmation de sa nomination, le PS a précisé que M. Kouchner n'était "plus membre" du parti.

Il faut dire que ni François Mitterrand ni Lionel Jospin ne lui ont offert de fauteuil à la hauteur de son prestigieux CV international. Cofondateur en 1971 de Médecins sans frontières, qu'il quitte pour créer Médecins du monde en 1980, ce militant infatigable de la cause humanitaire se fait un nom dans les coins chauds du globe: guerre civile au Biafra, Septembre noir en Jordanie, Liban, Soudan, Cambodge etc.

Le théoricien du devoir d'ingérence ne recule pas devant les coups d'éclat, avec caméras: lorsqu'il affrète un navire-hôpital pour sauver les boat-people fuyant le régime communiste vietnamien; ou lorsqu'il porte des sacs de riz à Mogadiscio pour l'opération "Restore hope" en Somalie. En juillet 1999, consécration, il devient administrateur civil de l'ONU au Kosovo. Le chouchou des médias gagne dans ces combats une popularité record, et quelques critiques sur "l'humanitaire-spectacle".

En 2002, il avait frappé les esprits en n'écartant pas une intervention militaire en Irak. "A un moment donné, il vaut mieux décider de faire la guerre à qui menace la démocratie et les pays avoisinants en général plutôt que d'attendre et d'avoir à la faire de toute façon", relevait-il en septembre 2002, avant la guerre en Irak.

C'est en 1988 qu'il arrive aux affaires dans le gouvernement d'ouverture -déjà- de Michel Rocard, en tant que secrétaire d'Etat à l'Insertion sociale, puis de l'Action humanitaire. En 1992, il est promu ministre de la Santé, poste qu'il occupera encore en tant que secrétaire d'Etat en 1997-99, puis ministre délégué en 2001-2002.

Ces dernières années, ce bourreau de travail avait vu plusieurs postes onusiens lui échapper: Haut commissaire aux réfugiés en 2005 ou directeur général de l'OMS en 2006, malgré l'appui de Jacques Chirac.

Trop longtemps frustré? "Pour les éléphants, je ne suis pas un 'vrai' politique. Mais il est vrai, au fond, que je n'ai fait 'que' trente ans d'humanitaire, dix ans au gouvernement et quelques missions de paix. Qui peut présenter un tel CV chez les apparatchiks?", lâchait-il en septembre. Député européen de 1994 à 1997, il n'est jamais parvenu à conquérir un mandat à l'Assemblée malgré plusieurs essais.

Médecin gastro-entérologue, il laisse son nom à la loi de mars 2002 sur le droit des malades, qui autorise un patient à refuser tout acharnement thérapeutique. En 2001, il avait avoué avoir aidé plusieurs blessés à mourir au cours de missions humanitaires au Liban et au Vietnam en temps de guerre, tout en se défendant de toute euthanasie.

Ancien Soixante-huitard, il s'était dit "favorable" en 2001 à l'usage thérapeutique du cannabis "dans un cadre très précis et pour des pathologies déterminées" comme la sclérose en plaques ou le cancer.

Père de quatre enfants, marié à la journaliste Christine Ockrent, Bernard Kouchner a reçu une cohorte de distinctions internationales. AP

Gouvernement Fillon : les réactions politiques

PARIS (AP) - Voici les principales réactions politiques à la composition du gouvernement de François Fillon:

- "Maintenant, Bernard Kouchner est un ministre de droite supplémentaire", a jugé le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande interrogé par France-3.

- Bernard Kouchner n'est plus membre du Parti socialiste après son entrée au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères, a expliqué le porte-parole du PS Benoît Hamon.

"Le fait qu'il entre dans le gouvernement Sarkozy l'exclut de fait du Parti socialiste", a déclaré M. Hamon. "Il s'est exclu lui-même. Il rejoint un gouvernement de droite, le gouvernement qu'on combat et le candidat qu'on a combattu. Il n'a plus rien à faire à l'intérieur de notre parti".

- "C'est le retour du RPR", a réagi le porte-parole du Parti socialiste Julien Dray, estimant que le gouvernement Fillon est "un gouvernement cosmétique" destiné à faire gagner les élections législatives à la droite. "Quand on regarde la composition globale du gouvernement, c'est quand même beaucoup de personnalités du RPR", a déclaré le député de l'Essonne sur France-Info.

- Dressant un parallèle avec le festival de Cannes, le député socialiste Claude Bartolone a dit craindre que "le rêve" du gouvernement Fillon "se transforme vite en film d'épouvante économique et sociale". "C'est comme au cinéma, quelle que soit la qualité de la bande-annonce, quelle que soit l'annonce qui nous est faite sur les acteurs, rien ne garantit la qualité de ce qui va suivre", a estimé le député de Seine-Saint-Denis sur RTL.

- Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l'Egalité et au Partenariat équitable du PS, a affirmé que son parti partageait "l'indignation des huit historiens et démographes qui ont démissionné des instances officielles de la Cité nationale pour l'histoire de l'immigration" afin de "protester contre la création d'un ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale". "La création de ce ministère dégage des relents scandaleux de racisme et de xénophobie", a-t-il déclaré dans un communiqué.

- Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a estimé que la création du ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement représentait "une provocation intolérable pour la République". "Rendons illégitime le nouveau ministère de la désintégration des droits et libertés fondamentales des immigrés", lance le MRAP, en le qualifiant de "ministère de la honte".

- "C'est un gouvernement-vitrine avant les législatives", a affirmé Noël Mamère. "Ce n'est pas un gouvernement de la rupture, c'est un gouvernement de la continuité. Vous avez parmi les ministres les plus importants tous ceux qui ont déjà participé aux gouvernements de Villepin et de Raffarin", a déclaré le maire Vert de Bègles (Gironde) sur France-Info.

- Jean-Marie Le Pen a réagi à la nomination de François Fillon comme Premier ministre en estimant qu'il s'agit "d'un élément parmi d'autres de la volonté de Nicolas Sarkozy d'être un président 'à l'américaine'". Le nouveau gouvernement est, selon le Front national, "l'exécutif d'un conseil régional européen".

"Terne et dépourvu de charisme, François Fillon n'est que l'ombre de Nicolas Sarkozy, comme on l'a vu ces derniers jours, à ses côtés mais toujours un pas derrière lui. Mais "le clou du spectacle est Bernard Kouchner, soixante-huitard emblématique, icône de la pensée unique" qui "symbolise à lui seul ce que fustigeait Nicolas Sarkozy pendant sa campagne".

- Le Parti communiste juge "choquante" la présence de personnalités du Parti socialiste au sein d'un gouvernement Fillon "directement composé par le nouveau président de la République qui entend exercer les pleins pouvoirs".

Pour le PCF, les "ralliements" de personnalités du centre et de la gauche "se font au service du programme du candidat de l'UMP et ne marquent "en rien un infléchissement de l'orientation politique de la droite".

- La composition du gouvernement Fillon est de "la poudre aux yeux médiatique", a estimé Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire.

"Au-delà de la poudre aux yeux médiatique avec tous ces ralliements qui sont annoncés, ce qui domine c'est qu'on a une équipe de gens qui sont corps et âme dévoués à Sarkozy pour mener une politique réactionnaire", a déclaré M. Krivine sur France-Info. "Il faut s'attendre maintenant à des attaques sociales extrêmement violentes".

- Olivier Besancenot, candidat de la LCR à l'élection présidentielle, a affirmé que "l'ordre moral et sécuritaire est au pouvoir avec par exemple la présence de Christine Boutin au logement et à la ville, ennemie acharnée du droit à l'avortement, ou la création du ministère de l'Identité nationale".

- Luc Chatel, porte-parole de l'UMP, a estimé que ce "gouvernement resserré", "jeune, respectant la parité", exprimait "toute la volonté du président de la République d'engager les réformes promises".

- L'AVVEC (Association Vivre et vieillir ensemble en citoyens) a déploré qu'aucun Ministre n'ait en charge les personnes âgées et les personnes handicapées. "Alors qu'Hubert Falco puis Philippe Bas étaient ministres dans les deux précédents gouvernements, AVVEC considère ce recul comme une erreur à corriger très rapidement", souligne l'association dans un communiqué. AP

Posté par CendraOnTheBlog à 20:24 - PRESIDENCE SARKOZY - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

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