06 avril 2007
ARTICLE NOUVELOBS - Les profs
Qu'est-ce qu'un bon prof ?
Car c'est inquiétant puisque l'intention de vote des enseignants est créditée de 27% pour François Bayrou, qui serait le seul à les comprendre !
Sept questions posées sur le NouvelObs :
1.
Maîtrisent-ils leur discipline ?
2.
Sont-ils pédagogues ?
3. Sont-ils élitistes ?
4.
Sont-ils motivés ?
5.
Travaillent-ils assez ?
6. Sont-ils assez payés
?
7. Sont-ils trop politisés
?
Des questions qui ne laissent pas indifférents les professeurs.
60% des professeurs sont des professeurs certifiés (ayant obtenu le CAPES) et 12% du secondaire sont agrégés. Il faut savoir que passer le CAPES, ce n'est pas si facile que cela ! Les professeurs possèdent une solide culture disciplinaire, cela ne fait aucun doute. Il est bien évident qu'un professeur agrégé "possèdera" encore plus sa matière. Un peu plus d'un quart des enseignants n'ont pas reçu de formation initiale de cette qualité, ils sont souvent en train de poursuivre leurs études : ce sont les contractuels, les "enseignants non titulaires".
Selon un constat de Lauro Capdevilla, inspecteur pédagogique régional de l'académie de Rennes : «Ce qui fait la
différence entre un professeur et un autre, ce n'est pas tant le grade qu'il a
obtenu que ses pratiques, son expérience, la façon dont il sait prendre la
classe»
Le professorat est un métier où la pédagogie s'apprend : la classe est un lieu vivant et comportant de nombreuses personnalités. Le professeur doit s'adapter en quelque sorte à son "public" : «Il sait qu'avec les élèves aisés on est plus efficace en étant un peu
raide. Alors qu'avec les élèves de milieux populaires il faut être
chaleureux pour leur donner confiance», rappelle Marie Duru-Bellat.
Personnellement, je pense que le professorat est un "don" au départ, un don qui, comme tout autre don s'apprend, se travaille afin de s'épanouir. Comme dans tout corps de métier, il y a ceux qui aiment ce qu'ils font, et d'autres, par "défaut" de n'avoir pu faire autre chose, réaliser un autre rêve. Il existe aussi des erreurs d'aiguillage"...
Les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres) n'étaient pas vraiment axés sur la pédagogie et ne formaient pas vraiment au métier de professeur. Heureusement le nouveau cahier des charges de l'IUFM a été publié en décembre 2006 et l'on y trouve désormais les dix compétences que doivent acquérir les futurs professeurs tels que «concevoir et mettre en oeuvre son enseignement», et «organiser le travail de la classe».
A télécharger : cahier_charges
Les professeurs sont également accusés d'élitisme, c'est-à-dire de ne pas permettre à TOUS les élèves de réussir. Enseigner, c'est transmettre le savoir mais également des méthodes de travail afin de permettre à l'élève de devenir autonome. Il est difficile pour un professeur (ou quiconque) de se détacher lui-même d'un système élitiste dont il est le produit.
Je pense que le NouvelObs catégorise trop facilement le professeur comme élitiste, ou baissant les bras trop facilement. Il faut connaître les limites de la "prise en charge" d'un élève et de ses difficultés, compte tenu des difficultés justement! que rencontre un professeur : des classes surchargées, un public très difficile, et souvent des élèves accusant un retard scolaire important. les nombreux écueils seraient trop nombreux à énumérer ! Facile de dire donc que les professeurs sont élitistes !
Les professeurs sont motivés (pas tous...) mais sont souvent confrontés à une réalité à laquelle on ne les a pas préparés. Tout dépend ensuite de la force de caractère, de la ténacité, de la foi ? Venez donc assurer les cours d'une sixième SEGPA dans une ZUS (Zone urbaine Sensible) alors que vous n'êtes pas encore titulaire, encore en formation. ça c'est un petit clin d'oeil à une prof de SEGPA dans le collège où je travaille ! Chapeau, ma belle !
Quant à la question numéro 5 : travaillent-ils assez ?
Là, je suis les professeurs à 1 000 % !
Arrêtons de polémiquer là-dessus ! Pour un professeur certifié, c'est 18 heures de cours. A cela s'ajoute la préparation de ces cours, la correction des devoirs (minimum 1/4 d'heure par copie), les rencontres avec les parents, les éducateurs, les réunions, les conseils de classe...,Croyez-moi, un professeur fait bien ses 35 heures, au minimum.
Petite anecdote entendue dans la salle des profs "Ah moi, je veux bien les 35 heures, mais quand je rentre chez moi, je ne fais plus rien concernant le collège !"
Sont-ils assez payés ?
Il faut considérer le nombre d'années d'études, le temps qu'il faut pour réussir le CAPES, les conditions pénibles de travail selon les zones...
Après trente ans de carrière, le certifié
titulaire du Capes perçoit entre 2 471 euros et 2 931 euros. Et l'agrégé entre 3
082 euros et 3 615 euros. Pas le Pérou, pour cinq à six ans d'études supérieures
!
On peut ajouter au traitement de base des
professeurs : les indemnités de suivi et d'orientation des élèves pour tous les
professeurs du secondaire (97 euros), de ZEP (93 euros), de professeur principal
(114 euros), d'heures supplémentaires (104 euros).
Les professeurs sont-ils trop politisés ?
Mais ça veut dire quoi ça ? Les professeurs n'enseignent pas la politique aux élèves ! Les opinions politiques doivent rester à la porte de la classe. De plus, le taux de syndicalisation tend à diminuer (25%).
Alors, qu'est-ce qu'un bon prof ? Pour moi, c'est celui qui est assez passionné pour savoir transmettre ses savoirs, quelle que soit sa pédagogie : rigide ou plus "cool". Et je dis, oui, ils travaillent assez, ils sont motivés, pour la majorité.
Mais je voudrais leur lancer ce message : n'oubliez pas que De Robien, bien qu'appartenant à l'UDF, il appartient aussi à ce gouvernement de droite contre lequel vous avez si souvent manifesté ! Et De Robien, c'est pas si loin de Bayrou.
N'oubliez pas...
Cendra
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Je tenais à mettre également un article qui illustre bien le métier d'enseignant au quotidien (enfin, une des facettes). Vous pouvez le retrouver là : Le savoir par petits bouts
Chantal Mouriacoux, professeur
d'histoire-géographie
Le savoir par petits bouts
Une femme aux cheveux courts et gris entame un cours au
collège Utrillo, 18e arrondissement de Paris, posé entre le périphérique et les
boulevards des Maréchaux. Elle y enseigne l'histoire-géographie depuit huit
ans. C'est Chantal Mouriacoux.
Eux, ce sont les 3es-3, des très dissipés. TD sur « la marche à la guerre »
dans l'Allemagne hitlérienne : il faut remettre dans l'ordre chronologique une
vingtaine de phrases. La méthodologie, ici, prime sur le contenu. Chantal
Mouriacoux : « On va apprendre à rédiger. Kamel, tu colles la feuille...
Là, on est en histoire, hein. Où est le papier que je viens de te donner ? Bon.
Comment vous vous comportez face à ces phrases ? Prescilia, un cahier fermé ne
m'intéresse pas. Il faut arriver à entrer dans le travail. Tu y es, Moussa ? Ou
tu fais un artisanat quelconque ? Laetitia, ma grande, écoute un peu. » On cherche le sens de « Ein Volk, ein Staat, ein Reich,
ein Führer ». Brouhaha permanent. L'enseignante est hiératique, jamais
blessante. Fait entrer le savoir par petits bouts. Une brune énergique est dans
une bulle de bavardages avec ses voisins. Elle perçoit à peine l'existence du
cours. Récré. Chantal Mouriacoux commente sobrement : « Ils n'en peuvent
plus de leur échec scolaire. Moi, je voudrais vraiment qu'ils aient leur
brevet. Mais leur obsession, c'est l'amour. »
10 heures. La 6e-5. Le cours porte sur les inégalités de
revenu dans le monde. Pendant qu'Hassan, Adama et Katia rivalisent de réponses,
Michael le costaud suce son pouce. Chantal Mouriacoux se détend : «
L'Himalaya, par exemple, est pauvre. Alors que nos montagnes attirent la
richesse. Pourquoi ? A cause des sports d'hiver, voilà, c'est ça. » On
progresse. La guerre aussi empêche le développement économique d'un pays. Marc
tente un sophisme : « Mais, madame, s'il y a jamais de guerre, y aura jamais de
paix ! » L'heure avance. Les garçons deviennent intenables. Michael : «
Madame, ça veut dire quoi, hétérogène ? - Varié, contrasté... - Madame, vous
pouvez pas parler pour nous ? - Non, parce que tu dois accroître ton
vocabulaire. »
Qu'est-ce qu'un bon prof ? On pose la question aux 6es. Réponses classiques. Et
puis celles-là, qui en disent long sur cette école qu'ils n'ont pas su
apprivoiser : « Celui qui nous écoute bien, qui nous laisse nous exprimer ! » ;
« Qui parle la même langue que nous » ; « Un bon prof, c'est celui qui n'est
pas là ! » Qu'est-ce qu'un bon prof ? Chantal Mouriacoux sait seulement qu'«ici
[sa] pédagogie est instinctive. Je travaille sur les codes sociaux, sur le sens
de ce qu'on fait. Hélas, depuis quatre, cinq ans, nous constatons de graves
troubles psychologiques chez nos élèves, que nous ne savons pas gérer. »
Emmanuelle Walter
Le Nouvel Observateur
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Bonjour,
Un livre que je viens de publier qui vous intéressera peut-être...
http://devoirsmaison.canalblog.com/
:-)
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