04 juin 2007
UN PEU DE BEUR SUR VOTRE PAIN NOIR ?
Même si il y aura le 10 juin plus de postulants blacks ou
beurs, ils restent quantité négligeable aux yeux des grands partis qui
privilégient les sortants.
Par Laure EQUY, Bastien INZAURRALDE
QUOTIDIEN : lundi 4 juin 2007
«L 'Arabe qui cache la forêt.» La formule
empruntée à Azouz Begag, l'ancien ministre délégué à la Promotion de l'égalité
des chances, est éculée. Mais toujours d'actualité. Quinze jours après la
nomination de Rachida Dati comme Garde des Sceaux, qui se défend avec encore
plus de force et de talent que Begag d'être «la Beurette de
service» , mais que Nicolas Sarkozy ne se prive pas, pendant cette
campagne, législative de mettre en avant pour s'adresser à l'électorat de
banlieue, plonger dans la forêt des candidatures législatives permet d'aboutir
à la conclusion que le cru législatif 2007 ne bouleversera pas le visage de la
prochaine Assemblée nationale. Il sera peu ou prou aussi «blanc, blanc, blanc»
que la livraison de 2002.
Premières fois. L'UMP et
le PS, malgré leurs promesses de faciliter l'accès des minorités visibles, ne
présentent que de rares candidats dits «de la diversité» en métropole : 15 pour
l'UMP, une vingtaine au PS. Des chiffres nettement supérieurs à 2002, mais qui
n'empêche pas le Conseil représentatif des associations noires (Cran), de
craindre «des nominations d'affichage». «La symbolique c'est bien, la
réalité c'est mieux», commente Louis-Georges Tin, le porte-parole de
l'association qui rend public aujourd'hui une étude sur les candidats noirs,
domines et d'origine africaine à l'élection législative. Il convient que la
diversité devrait progresser par rapport 2002, puisqu' «aucun Arabe ou Noir
n'avait été élu en métropole, alors que nous estimons cette fois certaines
circonscriptions gagnables» . «Cinq ou six candidats sont en
mesure de l'emporter», confirment à l'unisson Bruno Le Roux,
secrétaire national du PS aux élections, et Alain Marleix, chargé des
investitures à l'UMP. Une hypothèse optimiste. Car les deux principales
formations politiques s'appliquent la même règle : privilégier les députés
sortants. Ce qui, de fait, limite sérieusement les marges de manoeuvre... Et à
l'exception de Lynda Asmani, pour l'UMP, et Mouna Viprey, pour le PS, les candidats
issus de l'immigration des deux principales forces politiques se présentent
pour la première fois. Difficile dans ses conditions de revendiquer une longue
implantation susceptible de porter ses fruits.
Alain Marleix insiste pourtant sur «les progrès» réalisés par l'UMP. Parmi les quinze « heureux» élus, Jeannette Bougrab (Paris), Salem Kacet (Nord). Ou encore Six-Emmanuel N'Joh (Val-de-Marne), qui explique ne pas avoir «attendu l'investiture pour exister politiquement». Pour lui, la méritocratie reste «le meilleur coup de pouce». Alain Marleix, lui, insiste sur la consigne qu'il a reçue de Nicolas Sarkozy de tenir «l'engagement de faire de la place aux minorités dans de bonnes circonscriptions» . Mais rappelle l'autre consigne : «Gagner les élections.» Manifestement, les deux recommandations étaient contradictoires...
Gel. «Quand on monte à la tribune pour réclamer une meilleure représentation des minorités, tout le monde est d'accord. Dès qu'on passe aux travaux pratiques, il y a toujours des gens pour trouver de bonnes excuses», explique aussi Bruno Le Roux, qui défend tout de même la mise en oeuvre de «procédures volontaristes». En juin 2006, la direction du PS avait gelé des circonscriptions au nom de la diversité. Une règle souvent mal acceptée par les militants locaux privés du vote pour leur candidat. A l'arrivée, le député de Seine-Saint-Denis estime que le «chiffre de candidats correspond aux personnalités que l'on voulait voir aux législatives». Parmi elles, Faouzi Lamdaoui (Val-d'Oise), Malek Boutih (Charente), Safia Otokoré (Yvelines), Najat Belkacem, l'ex-porte-parole de Royal (Rhône). Ou encore George Pau-Langevin (Paris), confrontée à la concurrence du député sortant Michel Charzat, exclu du PS pour n'avoir pas respecté la décision prise rue de Solférino.
En comparaison, les petits partis, comme le Modem, les
Verts, le PCF ou la LCR tirent leur épingle du jeu. Le PCF revendique 70
candidats issus des minorités. Le Modem en présente, lui, 28. Comme l'ex-judoka
Djamel Bourras et l'entrepreneur Aziz Senni (lire page 4). Avec la désertion
des députés sortants, la formation de Bayrou dispose d'une grande capacité de
renouvellement. Eric Azière, chargé des élections le reconnaît : «Vu nos
possibilités d'accueil, on devait être irréprochables.»
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