23 mars 2007
SECONDE LETTRE A SEGOLENE ROYALE
Mme Royal,
Je me permets de vous ré-écrire sur un sujet sensible,
l’inceste.
Egalement, un des propos que vous avez tenu
lors de votre discours de Villepinte :
"En tant que mère, je veux pour les enfants qui
naissent et qui grandissent en France ce que j'ai voulu pour mes propres
enfants."
Or, je me permets de tirer la sonnette d’alarme car selon
les derniers chiffres de l'Observatoire national de l'action sociale
décentralisée (ODAS), publiés en décembre 2006, ceux-ci font état d'une hausse
des signalements d'enfants en danger, en progression de 2 % en un an, après une
hausse de 7 % l'année précédente. Le nombre d'enfants "maltraités"
– victimes d'abus sexuels, de violences physiques ou psychologiques, de
négligences lourdes – est passé de 19 000 à 20 000, augmentant pour la seconde
année consécutive alors qu'il s'était stabilisé depuis 1999.
Je vous re-pose la question : voulez-vous rester sourde
aux cris de souffrance de toute une population exposée trop tôt à une douleur
qui met si longtemps, sinon jamais, à cicatriser ? Voulez-vous entrer dans
la continuité de la passivité de la gauche concernant la protection de
l ‘enfance ?
Selon
un article de l’Hebdo.parti-socialiste ( cf. http://hebdo.parti-socialiste.fr/2007/02/14/461/),
je cite : « Le thème des violences qui frappent les femmes est
revenu dans nos débats avec une terrible insistance. Une femme sur dix est
victime de violences conjugales. En 2004, chaque semaine, trois femmes ont été
tuées par leur conjoint. Les violences, abandons, mauvais traitements d’enfants
ont augmenté de 34 % depuis 2002. Je veux vous le dire aujourd’hui : la
première loi votée par le prochain Parlement sera une loi efficace contre les
violences faites aux femmes. »
Je
me permets de vous demander ce que vous ferez contre la violence faite aux
enfants ?
Et, pour reprendre, à nouveau, vos propres termes :
"Il y a urgence, j'ai la ferme volonté d'empoigner ce problème à bras
le corps, je l'ai là, chevillée au corps, parce que je sais au fond de moi, en
tant que mère, que je veux pour les enfants qui naissent et qui grandissent en
France ce que j'ai voulu pour mes propres enfants."
Il y a urgence d’entendre le cri de toute une couche de
population exposée à des violences qui n’ont pas lieu d’être. Et qui restent
dans la majorité des cas, impunies.
Toutefois, il faut rester vigilant et ne pas commettre
d’erreur comme celle que vous avez commise en 1997 lors de l’affaire de Bernard
H. . Je vous en rappelle les faits :
« Tout ceci n’était que financier, la candidate à la
candidature socialiste a payé par ses condamnations. Restent les affaires sans
condamnation où les déclarations de Mme Royal, alors qu’elle n’avait pas
de compétences pour intervenir, ont eu de tristes effets. La plus troublante
est celle de Bernard H., professeur d’EPS à Montmirail, accusé d’avoir commis
un geste déplacé sur un élève. Retraçons un peu l’histoire de ce Monsieur. Le 2
juin 1997, Bernard H. alors professeur depuis 14 ans intervient auprès d’un
enfant de 13 ans qui chahute et le fait sortir du gymnase, tout ceci sans
violence. Cinq jours plus tard, la famille du collégien informe l’établissement
que Bernard aurait eu des gestes déplacés, encore 2 jours plus tard le
principal informe l’enseignant qui demande une confrontation avec la famille et
le jeune, celle-ci n’aura jamais lieu. Le lendemain, le 10 juin, le chef
d’établissement informe le professeur que la justice est saisie. Bernard prévient
sa femme que l’accusation mensongère le conduit vers une procédure judiciaire
puis il met fin à ses jours. Quelques jours plus tard, l’enfant se rétracte, la
justice reconnaît alors le mensonge du collégien et innocente le professeur. Le
8 juillet, l’élève est mis en examen pour dénonciation calomnieuse. Vous vous
demandez sans doute où est le rapport avec Ségolène Royale ? Celle-ci,
alors ministre déléguée à l’enseignement scolaire n’écouta pas la décision de
justice et, d’une phrase, un mois après le suicide du professeur, elle salit la
mémoire d’un homme innocenté. « L’affaire n’est pas finie... L’enfant
s’est peut être rétracté sous la pression des adultes, sous le poids d’un
suicide... » Par quel droit et par quelle compétence pouvait-elle juger cela ?
Après l’affaire Outreau, vous comprenez que ce sujet redevient d’actualité.
Sans connaître le dossier, elle se permettait de relancer les rumeurs et de
considérer la première parole de l’enfant supérieure à la présomption
d’innocence. Mais Mme la ministre ne s’arrêta pas là, elle écrivit une
lettre à la famille dans laquelle elle reprenait tous les ragots non fondés.
Imaginez le choc pour celle-ci... La famille répondit que si la circulaire du
22 mai 1997 avait été respectée, il y aurait eu enquête préalable et que
certainement le professeur serait encore en vie. Mais Ségolène Royal voulait le
dernier mot et l’obtient en créant une nouvelle circulaire pour remplacer la
précédente, supprimant l’enquête préalable en cas de doute. Cette affaire aura
peut-être servit de leçon à Mme Royal, lorsqu’on ne connaît pas un dossier
on ne s’exprime pas car le mal qui est fait à la famille est plus grand qu’un
salaire impayé. » (cf. http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11810)
C’est pour cela qu’en tant que victime de l’inceste, je
souhaite notamment l’évolution de la législation, telle que la reconnaissance
légale de l’inceste comme un crime/délit spécifique.
Personnellement, je ne suis pas tellement pour
l’imprescribilité, car n’étant pas sûre de vouloir vivre jusqu’à X années avec
la question qui se poserait à moi : porter plainte.
Par contre, d’autres personnes souhaitent se joindre à mon
appel. J’attends d’avoir leur accord pour reformuler cette lettre.
La plupart des adhérents et l’Association Internationale des
Victimes de l’Inceste réclament certaines mesures que vous pouvez retrouver sur
leur brochure : ici.
Je vous invite à visiter mon blog :
http://leblogdecendra.canalblog.com/
Blog de soutien à votre candidature, notamment…
Je vous prie d’agréer, Madame Royal, l’expression de mes
meilleures salutations
Permettez que je signe mon pseudo.
CENDRA
Commentaires
Merci de votre soutien
Bonjour,
Au nom d'AIVI, merci pour votre soutien. Nous avons écrit à tous les candidats la lettre ci-dessous. A ce jour, nous n'avons pas de réponses. La semaine prochaine, nous engageons les relances téléphoniques. Vous pourrez suivre les avancées sur notre site dans l'espace "Présidentielles".
A bientôt
Isabelle Aubry, Présidente d'AIVI
Objet : Vos propositions pour lutter contre l’inceste
Paris,
Le 1 mars 2007
Madame, Monsieur,
Nous sommes une association de victimes d’infractions sexuelles internationale née sur Internet en 2000. Nos membres sont principalement français, belges, suisses, canadiens. Nous connaissons ainsi par nos échanges, les politiques de différents pays en matière de lutte contre l’inceste et la pédocriminalité.
Attentifs à la prise en compte de leur situation, nos membres, victimes, proches de victimes et professionnels confrontés à l’inceste, ont examiné les propositions de tous les candidats à l’élection présidentielle avec la plus grande attention.
Nous sommes nombreux à vouloir connaître en détails ce que vous comptez faire pour lutter contre l’inceste et la pédocriminalité pour les enfants et adultes concernés en matière de détection et de prévention, de justice, de prise en charge des victimes, de recherche, formation, information et tout ce qui concerne ce fléau de santé publique qui touche 20% des femmes et 7% des hommes avant l'âge de 18 ans (Source CRIPHAS).
Depuis quelques années, à l’exception de la loi Perben 2 en 2004 qui a rallongé le délai de prescription de 10 ans, rien n’a été fait pour les victimes d’inceste. Malgré la promesse de deux gardes des sceaux, Mr Perben et Mr Clément, l’inceste n’a pas été inséré dans notre code pénal suite à la mission parlementaire menée par C. Estrosi. Ce vide juridique laisse toujours plus d’agresseurs en liberté alors qu’ils sont déjà plus de 95% à ne jamais être puni pour leur crime. Pour en savoir plus, vous trouverez ci-joint, notre manifeste de 2004, signé par 10 000 personnes le 20 novembre, place de la Bastille lors de notre opération « 50 000 nounours face à l’inceste ».
Pour les personnes concernées par l’inceste, il y a des répercussions dans tous les domaines de leurs vie (social, professionnel, santé, familial…). Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réelle volonté politique de prendre en charge ce problème. Mais vous, que ferez-vous ? A l’heure des présidentielles puis des législatives, pour nous victimes d’inceste, votre action dans ce domaine sera primordiale.
Nous vous remercions de votre réponse que nous ne manqueront pas de publier sur notre site Internet et sur ceux de tous nos partenaires.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos respectueux sentiments.
Isabelle AUBRY, Présidente
SOUTIEN
Chère Isabelle,
Je te contacterai en perso car on se connait dejà d'il y a longtemps, enfin, virtuellement. Je n'ai jamais eu l'occasion d'aller à Paris mais je souhaite vraiment venir.
Dès que mes finances me le permettront, je souhaite adhérer à l'association et m'impliquer plus avant encore.
Certes, les candidats ne semblent pas très préoccupés par l'inceste... Et pourtant, s'ils savaient combien ils économiseraient sur certains budgets s'il y avait plus de prévention... Car traité plus jeune, le problème est plus "léger". C'est valable pour tout d'aileurs....
Je soutiens Ségolène et j'ai décidé de ne contacter que Ségolène. C'est un choix.
J'espère que cela viendra à ses "oreilles", mes deux lettres et plus à venir...
Cordialement
Cendra
Victime de violences physiques et sexuelles jusqu'à l'âge de 12 ans, peu à peu sorti de l'enfer de l'inceste et de sa confusion, je me vois chaque jour plus impliqué dans la poursuite de son combat au point de tout sacrifier pour m'y investir. J'appuie ici une action individuelle soutenue par l'AIVI.
Victor KHAGAN - 24.03.07
Le courage...
... n'appartient pas qu'aux femmes apparemment. Petite rectification à un des messages que j'ai posté. Deuxième rectification : la monstruosité n'appartient pas qu'aux hommes, elle n'est pas leur apanage, ensuite, elle n'est pas leur unique valeur. La beauté de l'âme appartient à tout le monde, à tous les sexes, ainsi que l'horreur.
Il appartient cependant aux élus de faire en sorte de protéger l'enfant dans la cellule familiale puisque c'est à eux qu'incombe d'élaborer les lois et de faire en sorte qu'elles soient appliquées. Il incombe aux juristes d'élaborer le contenu des lois afin qu'elles soient applicables. Et enfin, à tout corps de métier, selon les compétences qui leur sont allouées, d'aider dans la lutte contre la violence sexuelle et morale que représente l'inceste. J'insiste à nouveau sur le fait que l'inceste est un crime spécifique car, de par sa nature, crime ou délit, les conséquences sont irrémédiablement les mêmes. Une loi donc sur la pédophilie n'est par conséquent pas adaptée au cas de l'inceste. Je me permets de souligner ceci car cela me concerne personnellement. Si mon père devait être jugé pour pédophilie, il ne le serait que dans le cadre du délit. Il ne relèverait pas de la Cour d'Assise. Or, comme je peux le constater, les dégâts causés par son acte peuvent être comparés à ceux dont ont été victimes d'actes relevant de la Cour d'Assise. En clair, pour ceux qui ne comprendraient pas : n'est considéré comme crime que tout acte faisant état de pénétration, quelle qu'elle soit, est considéré comme délit tout acte dit d'attouchement.
La violence morale subie est cependant la même.
Je ne te remercie pas, Victor, je n'ai pas envie d'être condescendante. Je comprends juste ton combat, je vis le même, nous tous et toutes, victimes de l'inceste, avons le même combat. Je suis avec toi, je suis avec toutes les victimes de l'inceste. J'espère que mes mots apporteront quelque chose de concret à notre cause.
Cendra
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